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Brésil


SARAVA !

Quand j’arrive au Brésil, à Rio de Janeiro début 1995, à l’âge de 30 ans, c’est déjà imprégnée d’amour pour ce pays qui se love en mon cœur sous la forme d’une «Samba da Benção» de Vinicius de Moraes, écoutée tant de fois et avec une émotion toujours intacte…. Saravá ! D’abord aspirée par le grand tourbillon du Carnaval, je suis très vite inspirée par la variété de richesses envahissant mes sens et commence donc à peindre des objets en bois que je vends dans une boutique d’artisanat typiquement brésilien «O Sol» … puis des toiles.

Je m’identifie alors aussi rapidement que naturellement à l’art naïf brésilien. Comme le dit Oto Bihalji Méri dans l’Encyclopédie Mondiale de l’Art Naïf : «les peintres naïfs… se situent en dehors des controverses intellectuelles des artistes professionnels. Leur œuvre est le produit d’une impulsion du cœur, spontanée et insouciante». Autodidacte, je peins de façon intuitive et encore aujourd’hui, de retour en région parisienne, mon inspiration demeure en terre brésilienne : elle puise dans mon expérience pour me dicter des thèmes récurrents et chers en mon coeur :
- Les enfants, qui par leur regard intransigeant nous rappellent toute notre responsabilité devant le monde, et qui par leurs bras ouverts, tels le Cristo Redentor, nous invitent à ne pas baisser les nôtres.
Une expérience partagée au long de deux années dans une association d’enfants des rues à Ilha de Guaratiba aura laissé ses empreintes en moi, d’autres resteront les plus magiques de ma vie : l’adoption d’un bébé trouvé dans la rue, Alef, notre fils, et la naissance de Jade, notre fille ;
- La ville de Rio en elle-même, sa nature luxuriante en contraste permanent avec un urbanisme anarchique, son peuple dont l’histoire colonialiste reste présente jusque dans les actes quotidiens les plus anodins : jusqu’à très récemment, les plus aisés prenaient l’ascenseur «social» et l’on réservait aux défavorisés celui «de service».
Lors de la peinture d’une façade d’immeuble dans la favela de la Rocinha (voir photos ci-contre) dans le cadre d’un projet de revalorisation du quartier, j’ai été submergée par l’accueil chaleureux de ses habitants dont une grande majorité de travailleurs subit la violence d’une poignée de trafiquants.
- La capoeira angola : l’histoire d’une grande amitié avec «Urubu», actuel Contra-Mestre du groupe «Aluandé» et avec Daniel, Fernanda, Wellen, Zé, Budião, André, Raquel, et bien d’autres… C’est avec eux, à travers eux et à travers la capoeira que j’ai «grandi» à Rio. J’ai trouvé dans ce groupe de capoeira à des milliers de km de mon lieu de naissance des gens avec les mêmes envies de convivialité, la même quête de culture et de spiritualité, la même volonté d’action sociale que moi et j’ai partagé des moments vrais avec eux.


Rio, la capoeira, la samba, les enfants des rues, la nature… toute une «initiation» à la vie carioca, tout un univers auquel je me suis identifiée et que j’essaie de partager à l’aide d’une palette de couleurs chaudes.


Textes et photos : Christine Boisard Leroux
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